(Les Muses aiment les chants
alternés)
O O
Correspondances
2014
: le dossier
pré-rédactionnel/ Littérature et société
L'autre,
un sujet en question
: de cercles-frictions en
"Cercles/Fictions"
pour
une "échologie du
temps perdu et retrouvé"
"La
vraie vie, c'est la littérature"
:
En lisant en écrivant,
Julien Gracq
La mise en perspective historique
et critique dans le cadre de l'aventure d'écriture du roman
collectif interactif générationnel et intergénérationnel prendra
sa source dans la littérature* avant de donner lieu à
une série d'enquêtes anthropologiques sur la place du sujet dans
l'histoire de la communication et des représentations en vue de la
constitution d'un dossier pré-rédactionnel.
"Tempo
è galant'uomo"
*
"littérature" au sens proustien d'"art
vivant" de "décryptage des signes", de
lecture "à rebours", de "marche en sens
contraire" pour un "retour aux profondeurs où ce
qui a existé réellement gît inconnu de nous" cf. Marcel
Proust, Le Temps retrouvé (danc ce sens "littérature"
inclut tous les art, dont la peinture, le théâtre et le cinéma,
bien sûr).
I - LE STORY-BOARD : Illusions perdues de Balzac, un exemple de construction romanesque
La
mise en perspective historique et critique dans le cadre de
l'aventure d'écriture du roman collectif interactif générationnel
et intergénérationnel prendra sa source dans la littérature
romanesque.
Illusions
perdues
de Balzac , un "roman
français"
du XIXème siècle
DEUXIEME
PARTIE : "Un
grand homme de province à Paris"
Adrien
Moreau, illustrateur de "La Comédie humaine"
Un exemple de transposition d'une
construction romanesque de roman du XIXème pour servir de point de
départ à votre recherche de storyboard à partir d'un pastiche de
ce topique balzacien représentatif de "l'illusion
fictionnelle" de la continuité romanesque mélodramatique
des romans d'apprentissage du XIXème siècle qui vous permettra
d'engager une réflexion sur la continuité et la discontinuité
romanesque liée à cette dynamique de construction alternative
"illusions/désillusions" à la faveur des
rencontres et des tentations destinées à maintenir le suspens du
roman-feuilleton de ce grand récit romanesque strictement réglé
par la chronologie, avant, peut-être, de la remettre en cause
suivant la piste ouverte par les "Nouveaux romanciers".
Illusions
perdues, Un roman "feuilleton"
mélodramatique ?
Le
Synopsis de :
Illusions
perdues de Balzac, 1839
Quelle(s)
réussite(s) pour demain ?
«C’est
la contradiction qui donne la vie en littérature»
Claude
Vignon, un personnage de romancier dans Illusions
perdues de Balzac
LE TITRE : Illusions
perdues [transposer]
La première
phrase : [transposer]
« Ni
Lucien, ni Mme de Bargeton, ni Gentil, ni Albertine, la femme de
chambre, ne parlèrent jamais des événements de ce voyage; mais il
est à croire que la présence continuelle des gens le rendit fort
maussade pour un amoureux qui s'attendait à tous les plaisirs d'un
enlèvement… »
1.
L'arrivée du héros à Paris : un romancier et un poète [l’incipit]
2.
La trahison réciproque [l'élément
perturbateur]
3.
La séparation
[la rupture]
4.
La lettre de reproches
[une lettre]
5.Première
démarche du héros auprès d’un libraire*
*éditeur
au XIXème siècle
6.
Deuxième échec auprès d’un libraire [répétition
et variations]
7.
La rencontre du héros avec un journaliste
«
Ce jeune homme est le premier avec lequel le poète d’Angoulême
put échanger quelques paroles »
«
Lucien ne savait pas encore… » [prolepse]
8.
Le héros mène une existence laborieuse.
9.
La rencontre initiatique : Daniel d’Arthez à la
bibliothèque Sainte-Geneviève.
Lecture par
Lucien de son roman à son nouvel ami : «
La lecture dura sept heures ». D’Arthez donne des
conseils à Lucien.
[pause
argumentative et descriptive : une mise en abyme du travail de
l’écrivain]
10.
Présentation du héros au «Cénacle»
qui finit par l’adopter. Mais … [suspense]
11.
Décision du héros de devenir journaliste malgré «
la profonde horreur » de ses amis pour le monde corrompu de la
presse parisienne
[retournement
de situation ?]
12.
Une nouvelle rencontre initiatique :
un journaliste, chez Flicoteaux
Lucien lui
lit son manuscrit des "Marguerites".
Il décourage
Lucien : il ne réussira pas avec la poésie : les «
élégants rossignols » restent dans
les tiroirs des libraires.
[pause
argumentative et descriptive : l’initiation au «
monde littéraire »*]
*valeurs
contrapuntiques à celles du "Cénacle" :
"C'est la contradiction qui
donne la vie en littérature"...
13.
Présentation du héros à un libraire qui accepte de lire son
recueil de poèmes.
[force
ré-équilibrante ?]
14.
Rencontre d'un journaliste qui vient de publier son premier roman
[scène]
[pause
descriptive et argumentative : le pouvoir de la presse]
15.
Coup de foudre du héros pour une danseuse au Théâtre
16.
Consécration du héros qui écrit son premier article au cours d'un
dîner
[dialogue
initiatique sur le pouvoir de la presse]
Lucien écrit
son premier article sur le spectacle qu’il vient de voir : il est
acclamé par les autres journalistes qui reconnaissent son esprit et
son talent : « tu es né journaliste »
*
«
Pendant que Lucien écrivait cette page qui fit révolution dans le
journalisme par la révélation d’une manière neuve et originale
», Lousteau écrivait un article moqueur sur le rival de
Lucien auprès de Madame de Bargeton intitulé « L’Ex-Beau »,
pour le venger de l’abandon de sa protectrice. Sixte du Châtelet,
le rival de Lucien auprès de « la reine d’Angoulême », y
est surnommé « le héron » et Madame de Bargeton, «
l’os de seiche ». ]
[
la vengeance : les journalistes se soutiennent*]
"J'ai
longtemps pris ma plume pour une épée", Sartre
17.
Tentation et corruption : [débat
intérieur du héros]
«
Une voix lui disait que, si Daniel avait aimé Coralie, il ne
l’aurait pas acceptée avec Camusot ».
18.
Mot de félicitation de Daniel d’Arthez pour son article :
[division]
Mais Lucien
y sent un certaine réserve...
« Etait-il donc
un étranger pour le Cénacle ? »
Il se rend
chez son ami où il retrouve plusieurs membres du Cénacle qui
critiquent son entrée dans le journalisme. Daniel d’Arthez essaie
de défendre Lucien. Ce dernier leur explique qu’il peut garder ses
convictions « tout en travaillant à un
journal ».
Ses amis ne
sont pas d’accord : ils désapprouvent aussi sa liaison avec
Coralie.
[dialogue
initiatique sur la corruption]
19.
« Admission de Lucien dans le
corps redoutable des journalistes »
«
Ainsi, monsieur est des nôtres ? »
[dialogue
initiatique sur le pouvoir de la presse]
20.
Le jeune couple s’endette…
21.
LE DILEMME : l'amour ou l'amitié ?
(Coralie/ d'Arthez ?)
CONSPIRATIONS
- CABALES - CHANTAGE - – TRAHISON – DUEL
19.
L'éditeur rend au héros son manuscrit : il refuse de le publier.
Son ami
journaliste, Lousteau fait remarquer à Lucien qu’il ne l’a même
pas lu grâce au statagème des scellés : «Lucien
aperçut l’encre et la ficelle dans un état de conjonction
parfaite". Lucien pâlit «
de colère et de rage ».
20.
LA DOUBLE TRAHISON
Lousteau
propose à Lucien de se venger : il rédigera un article non signé
sur le livre de Nathan qui paraîtra dans le journal libéral de
Vernou. Lucien proteste parce qu’il admire le livre de Nathan : «
Mais que peut-on dire contre ce livre ? il est beau, s’écria
Lucien. ». Lousteau l’aide à
trouver ses arguments : il développe une critique selon une
esthétique « classique »
de l’œuvre romantique de Nathan… puis le héros devra rédiger
une 2ème article sur les conseils de Blondet pour défendre le même
livre suivant une esthétique «
romantique » afin de ne pas se faire
un ennemi du romancier, puis un 3ème article qui rendra hommage à
celui de Blondet…
21.
LA CHUTE : la double conspiration
[la «
prétendue trahison du poète »,
l’imprudence de Lucien devenu la « bête
noire » de tous les journalistes, (le sonnet
du Chardon),
22.
L'article sur le livre de D’Arthez
23.
Le duel
24.
La signature d’un faux au nom de son
ami David d'enfance qui provoquera la faillite de l’imprimeur
d'Angoulême
les 50
articles dus à Finot, (l’article mensonger sur le chancelier),
25.La
mort de Coralie
26.
Le retour à Angoulême...
La
dernière phrase :
[transposer]
«Bérénice
se sauva sans que Lucien pût savoir par où elle avait passé ; car,
il faut le dire à sa louange, cet argent lui brûlait les mains et
il voulait le rendre ; mais il fut forcé de le garder comme un
dernier stigmate de la vie parisienne.»
TROISIEME
PARTIE : LES SOUFFRANCES DE L'INVENTEUR
Suite
et fin des aventures de Lucien de Rubempré dans Splendeurs et
misères des courtisanes
“One
of the greatest tragedies of my life is the death of Lucien de
Rubempre. It is a grief from which I have never been able completely
to rid myself. It haunts me in my moments of pleasure. I remember it
when I laugh.”
Oscar
Wilde
L'autre,
un sujet en question
: de cercles-frictions en
"Cercles/Fictions"
pour
une "échologie du
temps perdu et retrouvé"
"Tempo
è galant'uomo"
"La
vraie vie, c'est la littérature"
:
En lisant en écrivant,
Julien Gracq
Adrien
Moreau, illustrateur de "La Comédie humaine"
II - LITTERATURE ET
SOCIETE : le dossier
pré-rédactionnel
Correspondances
2014
:
L'autre,
un sujet en question
: de cercles-frictions en
"Cercles/Fictions"
pour
une "échologie
du temps perdu et retrouvé"
Vos recherches sous la forme d'enquêtes
générationnelles et intergénérationnelles pourront nourrir votre
inspiration sur le modèle de celle menée par Balzac au XIXème
siècle sur les voies opposées du journalisme et de la littérature
dans Illusions perdues*, sans toutefois perdre de vue que ce
roman polyphonique interactif du XXIème siècle ne saurait en aucun
cas être un roman didactique, suivant la règle d'or du roman social
énoncée par Proust dans cette formaule lapidaire : "Une
oeuvre où il y a des théories est comme un objet sur lequel on
laisse la marque du prix."
* à
la suite de la série de propositions de sujets d'enquêtes-reportages
générationnels et intergénérationnels de cet article.
Les romanciers du social ouvrent
la voie au roman moderne, voire post-moderne : n'oubliez pas pour
autant que les romans d'apprentissage du XIXème siècle étudiés
en classe de 2de peuvent représenter pour vous une une rampe de
lancement. Ils ne doivent pas devenir un carcan. Votre quête d'une
esthétique générationnelle et intergénérationnelle ne saurait en
rester là aujourd'hui..
"La
vraie vie, c'est la littérature"
:
En lisant en écrivant,
Julien Gracq
"J'ai
toujours été étonné de la méprise qui fait du roman, pour tant
d'écrivains, un instrument de connaisance, de dévoilement ou
d'élucidantion (même Proust pensait que sa gloire allait se jouer
sur la découverte de quelques grands lois psychologiques)."
Julien
Gracq, En lisant,
en écrivant (p.
61)
"Je
ne sais pas ce que c'est que la vérité romanesque. Il y a une
présence romanesque"
ibid
"La
lecture d'un ouvrage littéraire n'est pas seulement, d'un esprit
dans un autre esprit, le transvasement d'un complexe organisé
d'idées et d'images, ni le travail actif d'un sujet sur une
collection de signes qu'il a à réanimer à sa manière de bout en
bout, c'est aussi, tout au long d'une visite intégralement réglée,
à l'itinéraire de laquelle il n'est nul moyen de changer une
virgule, l'accueil au lecteur de
quelqu'un
: le concepteur et le constructeur, devenu le nu-propriétaire, qui
vous fait du début à la fin les honneurs de son domaine, et de la
compagnie duquel il n'est pas question de se libérer." Julien
Gracq, En lisant, en écrivant (p.
168)
Littérature
et société :
un état des lieux générationnel
et
intergénérationnel
à
partir de questionnaires, d'entretiens et de bilans présentés sous
forme de comptes-rendus présentés par les équipes éditoriales.
La
mise en perspective historique et critique dans le cadre de
l'aventure d'écriture du roman collectif interactif générationnel
et intergénérationnel prendra sa source dans la littérature*
littéraire avant de donner lieu à une série d'enquêtes
anthropologiques sur la place du sujet dans l'histoire de la
communication et des représentations en vue de la constitution d'un
dossier pré-rédactionnel.
*
"littérature" au sens proustien d'"art
vivant" de "décryptage des signes", de
lecture "à rebours", de "marche en sens
contraire" pour un "retour aux profondeurs où ce
qui a existé réellement gît inconnu de nous" cf. Marcel
Proust, Le Temps retrouvé (danc ce sens "littérature"
inclut tous les art, dont la peinture, le théâtre et le cinéma,
bien sûr).
"C'est
l'époque qui lit à travers moi", Roger Planchon
A
la croisée des chemins d'hier et d'aujourd'hui, l'aventure
d'écriture romanesque interactive des romanciers en devenir
internautes à la recherche d'une poétique contemporaine
polyphonique pour une "échologie
du temps perdu et retrouvé"
à partir de leurs lectures de romans "classiques"
et contemporains et des dialogues générationnels et
intergénérationnels qu'elles favorisent, en perspective croisée
avec une réflexion sur leur relation aux arts donne lieu à une
enquête anthropologique sur la place du sujet dans l'histoire de la
communication et des représentations axée sur le décryptage des
signes suivant les voies ouvertes par Marcel Proust dans La
Recherche du temps perdu
et par Roland Barthes dans ses Mythologies
pour s'inscrire dans une
réflexion/réflection analogique liée au palimpseste de la mémoire
, des "Correspondances"
de Baudelaire au
Temps retrouvé
de Marcel Proust
pour des "Théâtres*
en présence(s)"
selon le titre de l'essai de Joël Pommerat, auteur également de
Cercles/Fictions.
"Le
théâtre est un champ de forces,
très petit, mais où se joue toujours toute l'histoire de la
société, et qui, malgré son exiguïté, sert de modèle à la vie
ds gens.",
AntoineVitez (metteur en scène)
*
"théâtre"
étant pris au sens étymologique de "lieu où l'on
regarde".
"Tout
est signe, et tout signe est message",
Marcel Proust
"Le
théâtre est un champ de forces,
très petit, mais où se joue toujours toute l'histoire de la
société, et qui, malgré son exiguïté, sert de modèle à la vie
ds gens.",
AntoineVitez (metteur en scène)
*
"théâtre"
étant pris au sens étymologique de "lieu où l'on
regarde".
"Tout
est signe, et tout signe est message",
Marcel Proust
-- Quelle(s)
réussites pour demain ? Au nom de quelles valeurs ?
Qu'en
est-il aujourd'hui des leçons de cynisme de Madame de Beauséant à
Rastignac dans Le Père Goriot ?
Une enquête
anthropologique sur la place du sujet dans l'hsitoire des
représentations à partir d'une recherche sur le registre
épidictique des romans d'apprentissage du XIXème siècle (cf.
l'énonciation, les points de vue, la modalisation, les registres)
tels, par exemple, Pierre et Jean et
Bel-Ami de Maupassant,
Le Père Goriot et Illusions perdues dans La
Comédie humaine de Balzac ; Au
Bonheur des Dames et La
Curée de Zola...
cf. sujets
de dissertation : Les héros ou personnages de romans sont-ils
toujours porteurs d'un énoncé didactique sur le monde ?
sujet 3 : Dans un roman, la
fiction narrative est-elle toujours au service d’un projet
didactique ?
Sujet 5 :
Que représentent pour vous les héros de la littérature ?
Sujet 6:
Les héros de la littérature sont-ils toujours exemplaires ?
Sujet 17 :
Les personnages d'un roman d'apprentissage apprennent-ils vraiment
quelque chose ?
Sujet 18 :
Dans les grands romans de formation du XIXème siècle, quels sont
les éléments qui favorisent l'apprentissage du héros ?
-- Que
sont nos chevaliers devenus ? (du roman de chevalerie,
avec notamment l'éducation de Lancelot par le fée Viviane et Merlin
l'Enchanteur dans Le Lancelot en prose à Don Quichotte
de Cervantes, aux romans picaresques et d'apprentissage)
Une mise en
question de la chevalerie dans les textes contemporains de Julien
Gracq, de Wajdi Mouawad et de Joël Pommerat ? (cf. le making of du
roman collectif des Collégiens qui étudient le roman de chevalerie
en 5ème : http://tempoeclipse.blogspot.com
)
-- "Un
roman français" :
recherche de "plumes" lycéennes générationnelles
;
-- Etat
des lieux sur le roman contemporain : les prix Goncourt; quel est
l'avenir du livre/de la lecture ?
-- La
révolution de l'information : a-t-on encore besoin
des journalistes ? (cf. Illusions perdues de Balzac)
(préparation
de la rencontre avec Eric Scherer);
-- La
Modernité : Où
est passé le temps ?
cf.
"Les événements ont dépassé la vitesse du sens",
Jean Baudrillard
L'accélération
du temps depuis le XIXème siècle : de "Correspondances"
et "L'Horloge"
à "Une
Passante" de
Baudelaire
; cf. Les Fleurs
du mal
(1857),
Le Peintre de la
vie moderne
(1863), Les
Curiosités esthétiques
(1868).
-- La querelle des
"Classiques" et des
"Modernes"
: en
France, il semblerait qu'on se soit toujours construit sur le mode de
la
conflictualité, qu'en
pensez-vous ? Que pensez-vous des querelles de clocher des chapelles
littéraires ?
Sujets de dissertation
:
Sujet 1 : L'écrivain
italien Italo Calvino tentait de dire ce qu'on entend par les termes
d'"oeuvre classique" et proposait cette définition : "Un
classique est un livre qui n'a jamais fini de dire ce qu'il a à
dire."
Sujet
2 : "Il
nous faut du nouveau, n'en fût-il plus au monde",
proclame l'Apollon de La Fontaine.
Pensez-vous que les oeuvres "classiques"
ont fait leur temps et que les jeunes de l'âge atomique doivent
étudier seulement des œuvres contemporaines ?
--
Qui
sont les romanciers ?
Qui
sont les lecteurs de romans ?
Qui sont les critiques (les "gens
le lettres")
? Comment sont-ils perçus ? Par qui ? (cf.
Contre
Sainte Beuve,
Marcel Proust ; les positions opposées de Raphaël Enthoven et de
son père à propos de l'intérêt ou pas d'expliquer les oeuvres par
la biographie de leurs auteurs à la manière de Sainte-Beuve)
-- Peut-on
faire de "la bonne littérature" avec
de "bons sentiments" ?
"On
ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments",
André Gide
"Inquiéter,
tel est mon rôle. Le public préfère toujours qu'on le rassure. Il
en est dont c'est le métier. Il n'en est que trop."
(cf.
André Gide : Les
Faux-Monnayeurs ;
L'Immoraliste
; Les caves du Vatican)
--
Recherche sur le paysage urbain parisien depuis le XIXème siècle
(La
Curée de Zola) :
de l'urbanisme à l'urbanité ?
--
L'évolution de l'éducation depuis la courtoisie, l'Humanisme
: des salons des XIIème et XVIIIème siècles à
l'autobiographie et l'importance accordée à l'enfant au XIXème
siècle ;
--
L'évolution de la représentation de la personne à travers la mode
: du XIXème siècle dans les romans de Balzac et de Zola au
monde contemporain ;
-- Le
Romantisme du XIXème siècle au monde
contemporain (Que pensez-vous de l'expression de Frédéric
Beigbeder : "L'Egoïste romantique" ?) ;
-- La
représentation de la femme dans la littérature et dans
l'histoire des arts.
-- Qu'est-ce
que le beau : l'évolution de l'idée du beau (cf. les
révolutions esthétiques : cf. la préface de Cromwell de
Victor Hugo; de "L'Idéal" et "la Beauté" à
"Une Charogne" de Baudelaire dans Les
Fleurs du mal : "Spleen et Idéal"
; Les Curiosités esthétiques).
--
L'évolution
de la publicité et du commerce
de César
Birotteau
de
Balzac à Au
Bonheur des dames
de
Zola aux Choses
de
Georges Perec (en perspective croisée avec
Cercles/Fictions
et
Théâtres
en présence
La
grande et fabuleuse histoire du Commerce
et
Les
Marchands de
Joêl Pommerat).
O O
Les voies opposées du Journalisme et de la littérature dans
Illusions perdues de Balzac :
Les
écrivains :
Lucien
: le néophyte ("Les
Marguerites" ; L'Archer
de Charles IX)
Daniel
d'Arthez : le grand écrivain
Louis
Lambert : "l'absente de tout bouquet"
Félicien
Vernou : l'écrivain raté, aigri et jaloux devenu journaliste
(incapacité à écrire un roman, 345)
Nathan
: l'écrivain journaliste
Les
journalistes :
Les
rédacteurs de Finot : Etienne Lousteau, Hector Merlin, Lucien de
Rubempré
Le
rédacteur des "Débats" : Emile Blondet
Félicien
Vernou (
Le
journaliste intègre : Léon Giraud
Illusions
perdues fait
la description du système commercial de la librairie et du
journalisme que Lucien découvre malgré les préventions du cénacle.
C'est Etienne Lousteau qui fait les honneurs du monde de la librairie
et du journalisme à son nouvel ami : tous les ambitieux provinciaux
"qui s'élancent la tête haute, le cœur altier, à l'assaut
de la Mode […] tombent dans la fosse du malheur, dans la
boue du journal, les marais de la librairie"
(p. 261).
Le jeune provincial néophyte
n'échappera pas à cette "horrible odyssée par laquelle on
arrive à ce qu'il faut nommer, selon les talents, la vogue, la mode,
la réputation, la renommée, la célébrité, la faveur publique,
ces différents échelons qui mènent à la gloire, et qui ne la
remplacent jamais (p. 260) : "cette réputation tant désirée
est presque toujours une prostituée couronnée", constate
cyniquement Lousteau en introduisant Lucien dans les cercles
concentriques de l'enfer journalistique où l'opinion est fabriquée
par des "marchands de papier noirci qui préfèrent une bêtise
débitée en quinze jours à un chef-d'œuvre qui veut du temps pour
se vendre." (p. 261) et où le travail est déconsidéré au
profit des intrigues et des courbette des stratèges et des
commerçants : "travailler n'est pas le secret de la fortune en
littérature, il s'agit d'exploiter le travail d'autrui" (p.
262) : "Aussi plus un homme est médiocre, plus promptement
arrive-t-il ; il peut avaler des crapauds vivants, se résigner à
tout, flatter les petites passions des sultans littéraires" (p.
262). Il compare les journalistes à des "chenilles, écrasées
avant d'être papillons" (p. 261) et le jeune provincial
ambitieux encore plein d'illusions (("Eh! Mon cher, vous avez
encore des illusions." (p. 295) ; "Vous êtes un niais,
mon cher" (p. 301) "Dam! Dit Lousteau, ça conserve des
illusions", p. 360) à un futur martyr : " – Bon !
dit le journaliste, encore un chrétien qui descend dans l'arène
pour se livrer aux bêtes" (p. 263).
Lucien est fasciné par le tableau
cynique mais réaliste brossé par son initiateur Etienne Lousteau :
"Cette rude tirade, prononcée avec les accents divers des
passions qu'elle exprimait, tomba comme une avalanche de neige dans
le cœur de Lucien et y mit un froid glacial. Il demeura debout et
silencieux pendant un moment*. enfin, son cœur, comme stimulé par
l'horrible poésie des difficultés, éclata. Lucien serra la main de
Lousteau, et lui cria : -- Je triompherai !" (p. 263)
cf.
le cri de Rastignac à la capitale, immobile sur les hauteurs du
Père Lachaise : "A nous deux maintenant", )à* à
la fin du Père Goriot
"Un journaliste est un
acrobate", Lousteau (p.
361)
Illusions
perdues fait
la description du système commercial de la librairie et du
journalisme que Lucien découvre à Paris et dans lequel il
s'introduit en vendant son âme à l'opinion publique (réversibilité
et prostitution de la plume (cf. Janus), malgré les avertissements
du Cénacle.Lucien est fasciné par le tableau cynique mais réaliste
brossé par son initiateur, Etienne Lousteau dans les cercles
concentriques de l'enfer parisien ("La
Comédie humaine" <
"La Divine Comédie",
Dante.
Le deuxième livre paru en 1839
fait suite à la "désengoulêmisation" de Lucien et de Mme
de Bargeton : le "grand homme de province à Paris"
(oxymore ironique) connaîtra le succès d'abord et l'ivresse qui
l'accompagne (avec la paresse, la débauche et la corruption), puis
la chute et les désillusions. Il est autant le jouet d'une double
conspiration que de ses propres "vanités" et ne peut s'en
prendre qu'à sa jeunesse et aux imprudences liées à sa faiblesse
de caractère et à son absence de sens moral (--> jeunesse et
éducation : "enfant gâté", enfant sans père).
Balzac,
dans Illusions
perdues, présente
le statut de l'écrivain après la révolution française (livré aux
commerçants du livre, sans la protection d'un mécène -->
"L'Allée du roi",
N. Companez). L'écrivain est pour Balzac comme pour Victor Hugo
("l'enfant sublime") un homme d'action qui travaille sur
"la masse lisante" pour transformer l'Opinion, le "Napoléon
des lettres",
l'écriture "une
mission", la pensée
un point fixe comme pour les membres du Cénacle, alors que pour les
journalistes du roman les idées ne sont que des illusions qui
piègent les lecteurs, mouvantes et changeantes. Le tableau très
négatif des journalistes dans Illusions
perdues
représente la condamnation d'une pratique déréglée du journalisme
et non une condamnation sans appel de tout Journalisme : le romancier
dénonce les journalistes protéiformes sans idéaux et sans
conscience morale qui prostituent leur plume pour s'assurer un
pouvoir immédiat et s'enrichir. Il oppose le pouvoir de la presse
capable du meilleur (avec Léon Gireau, le journaliste du Cénacle)
comme du pire, capables d'assurer un triomphe ou de faire tomber un
livre, une pièce, une actrice, un parti, un gouvernement au gré de
leurs caprices ou de leurs intérêts (avec les rédacteurs
protéiformes et vendus qui s'entendent comme larrons en foire,
qu'ils soient libéraux ou royalistes, tels Etienne Lousteau ou Emile
Blondet) qui prétendent apprendre "le mécanisme du monde"
à Lucien : " tout dans ce monde est corruption, chaque homme y
est corrupteur ou corrompu" ( p. 259) et l'initier à l'art du
chantage à la pureté des idéaux des "saints" du Cénacles
et à la puissance des "hommes forts", des hommes
d'expérience qui ont su garder leur conscience etcoeur intacts,
qu'évoque avec nostalgie Etienne Lousteau :
"ces hommes de cervelle
cerclée de bronze, aux cœurs encore chauds sous les tombées de
neige de l'expérience, ils sont rares dans le pays que vous voyez à
nos pieds, dit-il en montrant la grande ville qui fumait au déclin
du jour. […] Ils sont rares et clairsemés dans cette cuve en
fermentation, rares comme les vrais amants dans le monde amoureux,
rares comme les fortunes honnêtes dans le monde financier, rares
comme un homme pur dans le journalisme." (p. 261) -->
Monseigneur Myriel dans Les
Misérables, V. Hugo
Balzac, dans Illusions
perdues présente le statut de l'écrivain après la
révolution française – les artistes dépendaient au siècles
précédents des largesses des princes pour ne pas tomber dans la
misère, sous la Restauration, ils sont soumis aux commerçants et à
l'opinion qui est entre les mains de la presse --.. Par exemple, le
poète Scarron dit à sa femme, la future Mme de Maintenon : "Je
ne suis qu'un pauvre poète qui s'arrache tous les jours des soupirs
et des larmes pour faire bouillir la marmite".
Il oppose la précarité de la
situation de l'écrivain et du poète au pouvoir des journalistes,
les "écrivants". Ce tableau très négatif est la
condamnation d'une pratique déréglée du journalisme et non une
condamnation sans appel de tout le Journalisme : les journalistes
prostituent leur plume et cherchent à s'assurer un pouvoir immédiat.
Le journaliste explique à Lucien "le mécanisme du monde"
: "tout dans ces deux mondes[le monde de la vie littéraire
et de la politique] est corruption, chaque homme y est corrupteur ou
corrompu" (p. 259). Il oppose le pouvoir de la presse
capable du meilleur comme du pire, assurer un triomphe ou faire
tomber un livre, une pièce, une actrice, un parti, un gouvernement
(cf. le chantage, p. 422) à la pureté de l'idéaliste qu'il était
:
"Ah! ceux pour qui elle
est [la littérature], pour moi jadis, pour vous aujourd'hui, un ange
aux ailes diaprées, revêtu de la tunique blanche, montrant une
palme verte dans sa main, une flamboyante épée dans l'autre, tenant
à la fois de l'abstraction mythologique qui vit au fond d'un puits
et de la pauvre fille vertueuse exilée dans un faubourg, ne
s'enrichissant qu'aux clartés de la vertu par les efforts d'un noble
courage, et revolant aux cieux avec un caractère immaculé, quand
elle ne décède pas souillée, fouillée, violée, oubliée, dans le
char des pauvres ; ces hommes de cervelle cerclée de bronze, aux
cœurs encore chauds sous les tombées de neige de l'expérience, ils
sont rare dans le pays que vous voyez à nos pieds, dit-il en
montrant la grande ville qui fumait au déclin du jour.
Une vision du Cénacle passa
rapidement aux yeux de Lucien et l'émut, mais il fut entraîné par
Lousteau qui continua son effroyable lamentation.
--
Ils sont rares et clairsemés dans cette cuve en fermentation, rares
comme les vrais amants dans le monde amoureux, rares comme les
fortunes honnêtes dans le monde financier, rares comme un homme pur
dans le journalisme."
(p. 261)
Lousteau n'est d'abord pas un
cynique, il ne le devient que pour s'opposer à d'Arthez qui
n'apparaît pas dans le premier état du manuscrit : une poétique
baroque de l'énergie et du contraste (antithèse et oxymore) :
"Enfin, pour un exemplaire
refusé par le libraire à mon journal, je dis du mal d'un livre que
je trouve beau !" (p. 260) : c'est ce que Lucien fera avec
le livre de Nathan
Balzac,
dans Illusions perdues
le pouvoir de la plume : il pense que le journalisme et
la littérature constituent les meilleurs moyens d'une conquête
politique. La rédaction du premier roman d'Illusions
perdues en 1836-1837, correspond à une période où,
renonçant à l'action politique directe, Balzac choisit un autre
mode d'action et en vient à réfléchir sur le statut de l'écrivain,
nouvelle puissance sociale dont il veut faire reconnaître
l'aristocratie.défend le droit de propriété littéraire et en même
temps son aristocratie, le droit de s'appeler Honoré de Balzac (cf.
préface du Lys dans la
vallée, 1836). Il a souvent été critiqué par les
journalistes de l'époque pour cette usurpation de la particule. Il
s'invente une généalogie qui le place dans la lignée du grand Guez
de Balzac. Illusions perdues
est le seul roman où apparaît le nom du grand homonyme
de Balzac.
Pour
les journaliste d'Illusions
perdues les idées ne sont que des illusions
qui piègent les lecteurs, mouvantes et changeantes tandis que pour
les membres du Cénacle – comme pour Balzac dans l'Avant-propos –
la pensée est un point fixe.
"Nous
ne reculons devant rien, répondit Michel Chrestien. Si tu avais le
malheur de tuer ta maîtresse, je t'aiderais à cacher ton crime et
pourrais t'estimer encore ; mais si tu devenais espion, je te fuirais
avec horreur, car tu serais infâme et lâche par système. Voilà le
jourrnalisme en deux mots. L'amitié pardonne l'erreur, le mouvement
irréfléchi de la passion ; elle doit être implacable pour le parti
pris de trafiquer de son âme, de son esprit et de sa pensée."
(243)
L'écrivain est pour Balzac un
homme d'action qui travaille sur "la masse lisante" pour
transformer l'Opinion, Le "Napoléon des Lettres". Comme
pour Victor Hugo, "l'enfant sublime", l'écrivain pour
Balzac une "mission".La recherche de la commercialisation
qu'on a pu lui reprocher, le désir de la contrôler et de la
maîtriser au plus près, sont indissociables de l'idée qu'il se
fait de sa mission.
La transformation du manuscrit en
simple marchandise prive l'auteur de ses droits, d'où le conflit
qui éclate en 1835 avec l'éditeur Buloz et à la "Revue de
Paris" où Balzac a commencé à publier Le
Lys dans la vallée sous forme de feuilleton. Buloz se
croit autorisé à transmettre à la "Revue de
Saint-Pétersbourg, sans l'autorisation de Balzac, des épreuves de
son roman qui paraîtront dans cette revue, à la grande colère de
l'auteur dépossédé de ce qu'il estime être sa propriété et son
droit de contrôle, et placé devant le fait accompli d'uen
publication d'un état inachevé de son roman. Furieux, Balzac
interrompt la publication du Lys
dans la vallée et il s'ensuit un procès qu'il gagne en
juin 1836, quelques semaines avant le début de la rédaction
d'Illusions perdues.
Ecrit dans la foulée du procès,
Illusions perdues
peut être lu en grande partie comme une réaction à cette
spoliation intolérable dont Balzac s'estimait victime (Nicole Muzet)
": il se trouve dans la même situation que Lucien quand la
manuscrit Les Marguerites
acheté reste au fond du tiroir de Dauriat et quand la publication de
L'Archer de Charles IX
lui échappe, après la faillite de Fendant et Cavalier.