Le roman français du XIXème au XXème siècle
"Je
serai Chateaubriand ou rien",
Victor Hugo
"Une
oeuvre où il y a des théorie est comme un objet sur lequel on
laisse la marque du prix",
Marcel Proust
O O
O O
Vertige –
l'escalier magique, Léon Spilliaert (1908)
Le roman générationnel au Collège : http://tempoeclipse.blogspot.com
cf. La rubrique : De la lecture à l'écriture
Le récit d'une aventure de lecture : Magie de la lecture
Il est nuit. Je m’en aperçois tout d’un coup. Combien y a-t-il
de temps que je suis dans ce livre ? Quelle heure est-il ?
Je ne sais pas, mais voyons si je puis lire encore ! Je frotte
mes yeux, je tends mon regard, les lettres s’effacent, les lignes
se mêlent, je saisis encore le coin d’un mot, puis plus rien.
J’ai le cou brisé, la nuque qui me fait mal, la poitrine creuse ;
je suis resté penché sur les chapitres sans lever la tête, sans
entendre rien, dévoré par la curiosité, collé aux flancs de
Robinson, pris d’une émotion immense, remué jusqu’au fond de la
cervelle et jusqu’au fond du cœur ; et en ce moment où la
lune montre là-bas un bout de corne, je fais passer dans le ciel
tous les oiseaux de l’île, et je vois se profiler la tête longue
d’un peuplier comme le mât du navire de Crusoé ! Je peuple
l’espace vide de mes pensées, tout comme il peuplait l’horizon
de ses craintes ; debout contre cette fenêtre, je rêve à
l’éternelle solitude et je me demande où je ferai pousser du
pain…
La faim me vient : j’ai très faim. Vais-je être réduit à
manger ces rats que j’entends dans la cale de l’étude ?
Texte
: extrait de Jacques
Vingtras,
Jules Vallès
1ère
étape : le portrait du héros ou de l'héroïne d'un roman.
Comme le personnage de Jules Vallès, vous avez rencontré au cours
de la lecture d'un roman un héros ou une héroïne qui
vous a particulièrement marqué.
Faites son portrait.
2ème
étape : le récit d'une aventure de lecture à la manière de Jules
Vallès.
Racontez,
à la manière de Jules Vallès, une aventure de lecture au cours de
laquelle, "collé
aux flancs" de
votre héros (ou de votre héroïne) vous avez été amené à
confondre la réalité de votre quotidien et la fiction.
O O
Pas de deux avec
votre héros : "quelqu'un comme
vous" * ?
Affiche de la pièce de théâtre de Fabrice Roger-Lacan : Quelqu'un comme vous
La description
par les textes d'une aventure de lecture : le portrait du
héros ou de l'héroïne d'un roman d'aventures qui vous a
particulièrement marqué.
L'art du
palimpseste en "Cercles/Fictions" :
"Vingt
fois sur le métier remettez votre ouvrage", Nicolas
Boileau
1ère étape : précisez le
titre et le nom de l'auteur du roman choisi.
2ème étape : sur le modèle de
ce texte, "Magie de la lecture",
rédigez à la première personne votre rencontre de lecteur
avec le héros ou l'héroïne qui vous a particulièrement marqué.
Il est nuit.
Je m’en aperçois tout d’un coup. Combien y a-t-il de temps que
je suis dans ce livre ? Quelle heure est-il ? Je ne sais pas, mais
voyons si je puis lire encore ! Je frotte mes yeux, je tends mon
regard, les lettres s’effacent, les lignes se mêlent, je saisis
encore le coin d’un mot, puis plus rien.
J’ai le
cou brisé, la nuque qui me fait mal, la poitrine creuse ; je suis
resté penché sur les chapitres sans lever la tête, sans entendre
rien, dévoré par la curiosité, collé
aux flancs de Robinson, pris d’une émotion immense,
remué jusqu’au fond de la cervelle et jusqu’au fond du cœur ;
et en ce moment où la lune montre là-bas un bout de corne, je fais
passer dans le ciel tous les oiseaux de
l’île, et je vois se profiler la tête longue d’un
peuplier comme le mât du navire de Crusoé
! Je peuple l’espace vide de mes pensées, tout comme il peuplait
l’horizon de ses craintes ; debout contre cette fenêtre,
je
rêve à l’éternelle solitude et je me demande où je ferai
pousser du pain…
La
faim me vient : j’ai très faim. Vais-je être réduit à manger
ces rats que j’entends dans la cale de l’étude ?
Racontez en une dizaine
de lignes cette aventure de lecture, "collé aux flancs"
du héros ou de l'héroïne qui vous a amené(e) à confondre la
réalité de votre quotidien et la fiction.
3ème étape :
Faites le portrait de votre héros ou de votre héroïne en mettant
l'accent sur ses qualités morales et ses exploits, son évolution au
cours du roman.
4ème étape
(étape finale) : sur le modèle du texte, "Magie de la
lecture", rédigez à
la troisième personne la rencontre d'un lecteur ou d'une
lectrice avec le héros ou l'héroïne qui l'a particulièrement
marqué(e) à partir du portrait rédigé au cours de votre 3ème
étape de préparation à cette rédaction, sans négliger la
description du cadre spatio-temporel où se situe l'action du roman
et son télescopage avec le cadre de vie du jeune lecteur (cf. 2ème
étape de la rédaction) : le portrait du héros ou de l'héroïne
entrera en correspondance avec celui de l'univers de son lecteur.
Vous pouvez vous aider de
cette phrase pour le passage à la 3ème personne : "Assis(e)
sur le marches de sa maison, Alaïs leva subitement les yeux de son
livre."
Le Destin
d'Alaïs, Evelyne Brisou-Pellen
Votre rédaction ne devra
pas dépasser un paragraphe d'une quinzaine de lignes.
O O
L'art
du portrait : du portrait physique au portrait moral et
en action.
L'art du
palimpseste en "Cercles/Fictions" :
"Vingt
fois sur le métier remettez votre ouvrage", Nicolas Boileau
Le
portrait de Télémaque, le héros du roman de Fénelon dans Les
Aventures de Télémaque.
Ce
portrait se situe au début du roman de Fénelon. Télémaque, parti
à la recherche de son père, est jeté par une tempête dans l'île
de Calypso. Cette déesse, inconsolable du déparet d'Ulysse, fait au
fils de ce héros l'accueil le plus favorable.
"Calypso
ne pouvait se consoler du départ d'Ulysse. Dans sa douleur, elle se
trouvait malheureuse d'être immortelle. Sa grotte ne résonnait plus
de son chant ; les nymphes qui la servaient n'osaient plus lui
parler. Elle se promenait souvent seule sur les gazons fleuris dont
un printemps éternel bordait son île : mais ces beaux lieux, loin
de modérer sa douleur, ne faisaient que lui rappeler le triste
souvenir d'Ulysse, qu'elle y avait vu tant de fois auprès d'elle.
Souvent elle demeurait immobile sur le rivage de la mer, qu'elle
arrosait de ses larmes, et elle était sans cesse tournée vers le
côté où le vaisseau d'Ulysse, fendant les ondes, avait disparu à
ses yeux.
Tout à
coup, elle aperçut les débris d'un navire qui venait de faire
naufrage, des bancs de rameurs mis en pièces, des rames écartées
çà et là sur le sable, un gouvernail, un mât, des cordages
flottant sur la côte ; puis elle découvre de loin deux hommes, dont
l'un paraissait âgé ;
l'autre,
quoique jeune, ressemblait à Ulysse. Il avait sa douceur et sa
fierté, avec sa taille et sa démarche majestueuse. La déesse
comprit que c'était Télémaque, fils de ce héros. "
Le
portrait de Philéas Fogg, le héros de Jules verne dans Le
Tour du monde en quatre-vingts jours.
Ce
portrait se situe au début du roman de Jules verne.
"En l’année 1872, la maison
portant le numéro 7 de Saville-row, Burlington Gardens, — maison
dans laquelle Shéridan mourut en 1814, — était habitée par
Phileas Fogg, esq., l’un des membres les plus singuliers et les
plus remarqués du Reform-Club de Londres, bien qu’il semblât
prendre à tâche de ne rien faire qui pût attirer l’attention.
À l’un des plus
grands orateurs qui honorent l’Angleterre, succédait donc ce
Phileas Fogg, personnage énigmatique, dont on ne savait rien, sinon
que c’était un fort galant homme et l’un des plus beaux
gentlemen de la haute société anglaise.
On disait qu’il ressemblait à Byron,
– par la tête, car il était irréprochable quant aux pieds, –
mais un Byron à moustaches et à favoris, un Byron impassible, qui
aurait vécu mille ans sans vieillir.
Anglais, à coup sûr, Phileas Fogg
n’était peut-être pas Londonner. On ne l’avait jamais vu ni à
la Bourse, ni à la Banque, ni dans aucun des comptoirs de la Cité.
Ni les bassins ni les docks de Londres n’avaient jamais reçu un
navire ayant pour armateur Phileas Fogg. Ce gentleman ne figurait
dans aucun comité d’administration. Son nom n’avait jamais
retenti dans un collège d’avocats, ni au Temple, ni à
Lincoln’s-inn, ni à Gray’s-inn. Jamais il ne plaida ni à la
Cour du chancelier, ni au Banc de la Reine, ni à l’Echiquier, ni
en Cour ecclésiastique. Il n’était ni industriel, ni négociant,
ni marchand, ni agriculteur. Il ne faisait partie ni de l’Institution
royale de la Grande-Bretagne, ni de l’Institution de
Londres, ni de l’Institution des Artisans, ni de
l’Institution Russell, ni de l’Institution littéraire
de l’Ouest, ni de l’Institution du Droit, ni de cette
Institution des Arts et des Sciences réunis, qui est placée
sous le patronage direct de Sa Gracieuse Majesté. Il n’appartenait
enfin à aucune des nombreuses sociétés qui pullulent dans la
capitale de l’Angleterre, depuis la Société de l’Armonica
jusqu’à la Société entomologique, fondée principalement
dans le but de détruire les insectes nuisibles.
Phileas
Fogg était membre du Reform-Club, et voilà tout."
Le
portrait d'Esméralda, l'héroïne du roman de Victor Hugo,
Notre-Dame de Paris.
"Si
cette jeune fille était un être humain, ou une fée, ou un ange,
c'est ce que Gringoire, tout philosophe sceptique, tout poète
ironique qu'il était, ne put décider dans le premier moment, tant
il fut fasciné par cette éblouissante vision.
Autour
d'elle tous les regards étaient fixes, toutes les bouches ouvertes ;
et en effet, tandis qu'elle dansait ainsi, au bourdonnement du
tambour de basque que ses deux bras ronds et purs élevaient
au-dessus de sa tête, mince, frêle et vive comme une guêpe, avec
son corsage d'or sans pli, sa robe bariolée qui se gonflait, avec
ses épaules nues, ses jambes fines que sa jupe découvrait par
moments, ses cheveux noirs, ses yeux de flamme, c'était une
surnaturelle créature.
En vérité, pensa Gringoire, c'est
une salamandre, c'est une nymphe, c'est une déesse."
J'ai
habité dans des pays tellement lointains qu'un jour j'ai même
oublié langue que ma mère m'avait apprise.
O O
Cendrillon
de Joël Pommerat
Ma
vie a été tellement longue et je suis devenue tellement âgée que
mon coprs est devenu aussi léger et transparent qu'une plume. Je
peux encore parler mais uniquement avec des gestes. Si vous avez
assez d'imagination, je sais que vous pourrez m'entendre. Et
peut-être même me comprendre.
Alors
je commence.
Dans
l'histoire que je vais raconter, les mots ont failli avoir des
conséquences catastrophiques sur la vie d'une très jeune fille. Les
mots sont très utiles, mais ils peuvent être aussi très dangereux.
Surtout si on les comprend de travers. Certains mots ont plusieurs
sens. D'autres mots se ressemblent tellement qu'on peut les
confondre.
C'est
pas si simple de parler et pas si simple d'écouter.
Quand
elle était encore presque une enfant, une très jeune fille qui
avait beaucoup d'imagination avait connu un très grand malheur, un
malheur qui heureusement n'arrive que très rarement aux enfants.
O O
L'art de la narration : "sur le chemin de l'école"
L'expression
écrite par les textes (de
la lecture à l'écriture)
: dans le prolongement de l'Atelier
d'Intervention contre les
conduites à risques : ANPAA 75 (jeudi 10 octobre 2013)
Les
Faux-Monnayeurs,
téléfilm de Benoît Jacquot d'après le roman d'André Gide.
Textes de référence :
"Le Loup et L'agneau", Fable de La
Fontaine; les contes : Le Petit Chaperon rouge
et Pinocchio.
Ecriture
de la narration d'une aventure à partir d'un schéma actantiel et
d'un schéma narratif :
Le schéma actantiel
:
1. Le héros / le (les)
personnage(s)
2. La quête
3. Le (les) adjuvant(s)
4. le (les) opposant(s)
Le schéma narratif
:
1. La situation initiale
=>1er paragraphe
2. La force
transformatrice 1 : l'élément perturbateur (ou modificateur)=>
2ème paragraphe
3. La force
transformatrice positive : la péripétie principale => 3ème
paragraphe
Sujet :
le récit d'une
tentation ("la
tentation d'une île.."
: métaphore de la solitude du personnage face à lui-même ou sous
l'influence d'une personne tentatrice dont l'influence le coupe de
son entourage habituel).
Alors
que le Collégien/la Collégienne est sur le chemin de l'école*
(1er paragraphe), il/elle se trouve confronté(e) à un dilemme lié
à une tentation (2ème paragraphe). Grâce à l'intervention d'une
personne de son entourage (ou à un examen de conscience personnel),
il/elle va trouver une solution.
* ou à
son arrivée à l'école, ou à l'école, ou en sortant de l'école
Cette
tentation peut-être provoquée par la rencontre d'une personne
tentatrice et/ou par une faiblesse personnelle du personnage mis en
scène dans ce récit.
Consignes :
1. Respectez l'énonciation
de la narration à la 3ème personne et la concordance des temps (du
passé et/ou du présent).
2. Le premier paragraphe
peut être le plus court (3 lignes) : présentation du personnage et
du cadre spatio-temporel.
Le 2ème paragraphe
sera plus développé (§ à 10 lignes)
Le 3ème paragraphe
sera le plus développé (10 à 15 lignes).
3. Vous intègrerez
éventuellement un court dialogue à votre récit (une question et
une réponse, par exemple).
4. Pour le 2ème § :
utilisez le vocabulaire de la tempête (exercice p.34 n°7) et la
métaphore de l'île désertique dans le texte extrait de L'île mystérieuse de Robert Louis Stevenson : "L'île
était inhabitée" (Rives bleues, pp.
210-211 et le sujet"écrire", p. 211); pour le 3ème §,
la résolution du conflit intérieur avec la métaphore de l'île
luxuriante).
La
lutte de Jacob avec l'ange,
Delacroix (1861)