"Il est plus facile de mourir que d'aimer / C'est pourquoi je me donne le mal de vivre"
Aragon, Elsa
Le Chevalier à la croisée des chemins, Victor Mikhailovich Vasnetsov (1878)
L'écriture d'un roman pour rendre son temps au temps
"Le temps lui-même est une forme", Roland Barthes
"Tempo è galant'uomo"
Le Mariage de Figaro, Beaumarchais (III,5)
"C'est la contradiction qui donne la vie en littérature"
Balzac, Illusions perdues
"De la musique avant toute chose"... Verlaine, "Art poétique"
Aragon, Elsa
Le Chevalier à la croisée des chemins, Victor Mikhailovich Vasnetsov (1878)
L'écriture d'un roman pour rendre son temps au temps
"Le temps lui-même est une forme", Roland Barthes
Notes prises à partir de
l'Entretien accordé par Joël Pommerat à Christophe Triau (Bpi Centre Pompidou) :
--
La question du temps qui recoupe et va rejoindre les autres questions
que tu as abordées.
-- Quand j'ai
commencé à oser prétendre, à l'époque, non pas être un auteur
mais quelqu'un qui allait s'aventurer dans l'écriture, ensuite oser
être (quelqu'un que je ne contestais pas à l'époque) metteur en
scène, je n'étais pas du tout assuré, pas du tout confiant et
je ne pouvais pas imaginer un fonctionnement autrement que dans le
temps, avec le temps. Je ne pouvais pas envisager de me mettre
la pression en me disant, voilà : est-ce que je suis un auteur ?
Est-ce que j'ai ma légitimité à me prétendre metteur en scène, à
convoquer un spectacle, et dès le départ je me suis situé, et ça
m'a vraiment très bien convenu (dans la ligne des gens qui...)
dans une philosophie du temps qu'on prend,
de la tentative. On ne réussit pas immédiatement, c'est
par le travail (alors que je conteste ce discours : "le
travail c'est la santé"), là j'avais
la conviction que c'était en faisant les choses, en les faisant, en
les refaisant, en faisant des essais, en échouant, que j'allais
apprendre (et cette idée ne m'a jamais non plus quitté). Je
n'étais pas dans la position de l'artiste qui vient avec quelque
chose à dire ou à proposer aux autres. J'étais dans
la position de celui qui essaie de devenir artiste et
convaincu (et là je parle d'un âge de 23, 25, 26 ans), qui s'est
dit : c'est ça que je veux être, non pas la fonction sociale mais
la manière d'être, c'est ça que je
veux être, que je réussisse ou pas, ce n'est pas indifférent, mais
ce n'est pas ça le premier sujet, le premier sujet c'est comment je
vais construire un chemin personnel, relié évidemment aux autres,
mais comment je vais fabriquer ça, d'abord de façon assez
solitaire relié à la pensée, à l'écriture, ensuite en ouvrant
vers les autres, des partenaires, des collaborateurs, puis vers le
public, quand j'ai osé, vers 30 ans, porter à la
scène des idées d'écriture que j'avais, de porter à la scène des
spectacles..Je me suis
toujours dit : voyons ce qui va se passer dans les 10, 20, 30 années
: j'étais vraiment sur des perspectives aussi longues parce que de
toute façon, réussissant ou ne réussissant pas, j'allais non pas
être un artiste, mais que j'allais tenter d'en devenir un, et
cette tentative c'était déjà un plaisir, déjà une joie, un vrai
sillon qui allait occuper toute mon existence, et je ne me
suis pas fait de souci, et d'ailleurs entre parenthèses, on dit
aujourd'hui que voilà, ma reconnaissance, la reconnaissance de ma
compagnie s'est faite relativement tard (je ne sais pas si on peut la
situer, dans les années 2000), ça veut dire que j'ai commencé à
faire du théâtre au début des années 1990, on parle comme une
sorte de galère ou de difficultés, moi je ne l'ai pas du tout vécu
comme ça. Bien sûr qu'à un moment donné on se disait comment on
fait pour faire venir des gens dans la salle, parce que faire venir
des gens dans la salle, ce n'est pas seulement une question de valeur
d'un spectacle sur le plateau mais c'est aussi un travail. Bien sûr
que ça me préoccupait de savoir que les acteurs qui jouaient dans
mes spectacles ne jouent pas devant des salles vides, bien sûr que
tout ça c'était important aussi, mais la notion de réussite en soi
n'était pas finalement obsédante.
-- L'autre
chose que je veux relier au temps, c'est l'idée que -- tu as dit que
je faisais des spectacles-- , mais j'ai l'idée
que je travaille pour chercher (c'est un petit peu prétentieux
ce que je vais dire) pour chercher un petit peu
ce que c'est que le théâtre*. Bien sûr que ça passe par
faire des spectacles mais mon aventure, ma recherche, c'est un petit
peu de questionner ce que ça peut être c'est le théâtre, avec mes
moyens, avec le monde qui m'entoure, c'est le travail d'une vie,
c'est dans la durée, c'est dans la fin qu'on pourra dire ou pas
qu'il s'est passé ou pas quelque chose de ce point de vue là, il y
a une justification autre que personnelle ou égoïste qui justifie
ce que j'ai fait, ça on verra, c'est pas quelque chose qui doit être
dans l'instant une préoccupation, cela se conjugue avec l'évolution
d'une vie, le passage d'une vie, et voilà.
Le Mariage de Figaro, Beaumarchais (III,5)
© Élisabeth Carecchio
La Réunification des deux Corées de Joël Pommerat
Dès leur fondation, les
deux régimes du Nord et du Sud ont déclaré représenter
l'ensemble de la Corée. Au Sud, la Corée du Nord reste toujours
officiellement désignée comme la "province du nord". Le
terme de "Corée" se traduit d'ailleurs différemment dans
le nom officiel de chacun des deux Etats. La guerre de Corée est
souvent analysée comme un conflit fratricide où la Corée aurait
été la victime des antagonismes entre les deux superpuissances de
la guerre froide.
Balzac, Illusions perdues
"Et vit en même temps et son jour et sa nuit"
Joachim du Bellay, Les Regrets
"De la musique avant toute chose"... Verlaine, "Art poétique"
"L'art
ne reproduit pas le visible, il rend visible", Paul
Klee